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Ateliers menés par : Chloë Longueville, Raoul Martin.

Avec la collaboration de Mattea Made.

Avec le soutien du personnel de La MAS la Feuilleraie

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“Gestes Intégrés” 

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Nota Bene : la Cie Adem Ran a choisi de ne pas produire ici un compte rendu technique strict mais communiquer le parfum de pluri-territorialité de l'échange qui touche toujours les personnes ouvertes au métissage du partage.

 

Également, notre travail ne s'est pas inscrit dans une démarche de danse thérapie mais dans ce qui est pour nous la nécessité hétérotopique des danses plurielles.

 

 

 

 

 

“Intégré' : qui unit des éléments.

 

“Geste” : mouvement révélant un état d'esprit.

 

 

“Gestes Intégrés” : Ateliers de danse auprès d'un public porteur de handicap (avec l'aimable présence des aides médico-psychologiques).

 

 

    Ces ateliers ont été mis en place de Janvier à Aout 2019 grâce au support de L'ADAPEI, la MAS de Crandelle, la bienveillance pour notre travail du Campus Chorégraphique La Manufacture d'Aurillac. 

Le soutien et le talent de nos amis et connaissances, leur présence, leurs prés multiples, leur oeil averti, la douce surprise de leur voix. 

L'on ne peut jamais travailler seuls dès lors que le facteur humain est une valeur cardinale.

 

 

 

 

 

    Il est facile de se prendre trop au sérieux dans nos sociétés modernes si l'on croit posséder la chance d'une situation, d'un savoir, d'une place dans un courant dont on oublie vite la signification et l'orientation.

 

Si cela est bien rassurant l'on peut toutefois se demander quelle est la nature de la scène que l'on joue quand tout cela s'effrite. 

 

Le travail artistique, la poéisis inhérente à la différence, nous le rappelle à l'heure des épreuves, des refus et comme à celle des succès.

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Ainsi auprès de ceux qui possèdent “a Hand in Cap”, nombre d'idées reçues sont mises en question allant rejoindre ce courant d'interrogations multiples, systémique, qui interroge nos propres êtres.

 

Présenté de cette manière cela peut sembler naïf et amener à sourire pourtant en ce cas précis pas de n'importe quelle façon. 

 

Dans un sourire enfantin l'on peut aisément interroger la valeur de nos gestes et prendre un peu (beaucoup) de recul pour profondément rire de ceux-ci, leur nature, leur origine, leur adresse. 

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À l'image du clown de Soi oscillant entre la tristesse de l'impossibilité du changement et la joie, plus tardive, de saisir ce qui fait le biais constitutif de nos valeurs :

 

“Le rire emporte la fragilité de mon corps, 

Petit acrobate du handicap, 

Toujours à la recherche de l’équilibre 

Si naturellement désaccordé. 

Et au moment fatidique, 

Quand la chute paraît inéluctable, 

Devant l’angoisse partagée, 

Le clown apparaît, 

Resplendissant. 

Et, d’une bouche écartelée, 

D’un revers irraisonnable, 

Il éclate de rire 

Pour balayer ses larmes et saisir, 

Dans une petite goutte d’éternité, 

L’insoutenable beauté 

De la vie.”

 

Comme l'écrivait et le vivait Paul Melki.

 

    Si le clown comprend la nature même de l'humour, rire quand même, le danseur se doit de comprendre, sentir, la nature du geste, bouger quand même. 

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Tout du moins pour le premier pas (et Beatrix Kiddo du “Kill Bill” de Quentin Tarentino ne dira pas le contraire en scandant à elle-même “bouge le gros orteil” avant de se dire, seulement des heures plus tard, que “le plus dur est fait”). 

 

L'écueil aurait été ici de ne pas savoir osciller, sentir les possibles dont regorge la danse, l'expression en mouvement pour se dire soi, avec les possibilités de l'instant et les apparentes impossibilités. 

Également de ne pouvoir croire en la possibilité d'étendre ces possibles.

 

En tant que danseurs faire l'expérience de l'échange de mouvements auprès de personnes porteuses de handicaps multiples soulève nombre de questions et de réalisations. 

 

L'on ne peut s'empêcher de penser à nos années d'entrainements pour “posséder” des gestes, une méthode, se surpasser dans nos messages de corps.

Pourtant aux contacts de ceux que nous sommes venus “faire danser” fondamentalement frappe une idée : et si l'on perd le produit de tout ça qu'en sera-t-il de nous ? 

Plus profondément si nos gestes ne les touchent pas, ne leurs parlent pas, peut-on vraiment communiquer avec eux ?

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En tant qu'êtres humains dansants c'est une part de nous-même, tout comme celles de ces histoires que l'on peut lire à même les corps, qui vient percuter et décentrer nos attentes. 

 

Plein de la bonne volonté du vouloir “faire faire” il s'est dégagé de nos échanges. petit à petit, un autre équilibre. Un équilibre qui vient lui remettre en question la place de nos attentes, valeurs, stéréotypes.

 

Quel est le poids d'un "simple" trajet vers un plot, d'une possibilité construite de contact, d'une prise de risque de changer le mouvement d'un pied, d'un seul, pendant une oscillation, d'enlever un casque de protection pour aller vers les autres danser après quelques mois ? 

Si cela à l'air bien léger c'est pourtant le devenir, son hétérotopie et son hétéronomie, qui se fraye sa place.   

 

L'hétérotopie du devenir pour une ouverture des potentiels en lieu et place de leurs émergences.

 

le mot d'ordre simplicité et son frère d'armes adaptation ont animé nos échanges.

 

Arrivés avec différents déroulés d'ateliers, forts de nos précédentes expériences auprès de publics aussi divers que variés, l'ouverture des possibles a du se conjuguer avec l'adaptation.

 

Ainsi de la pure proposition en mouvements dansés l'échange s'est ouvert sur le jeu. 

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Les compositions musicales, la considération de non envie de la part de nos artistes de la différence parfois. Les incompréhensions de jaillissement de gestes que l'on aurait pu croire, trop attivement, violents.

 

Finalement quelque part n'est-ce pas eux qui nous ont aussi donné une hétéronomie de ce que pouvait la danse. 

 

Avec cette manière aussi proche et pragmatique que dans la confiance offerte d'un contact.

Avec cette considération fulgurante de la nécessité de faire varier nos attentes, nos règles, en fonction des espaces variants des corps et des intentions.

 

Avec l'aide et l'investissement humain et sensible tant des institutions qui encadraient ces ateliers que des aides médico psychologiques (merci encore pour leurs conseils pragmatiques et précis, leur disponibilité à entrer dans nos propositions) c'est un échange à voies multiples qui a ainsi grandit.

 

Le laps de temps séparant les premiers ateliers des derniers a vu grandir la confiance et le déploiement de sculptures dans l'espace.

Sculptures d'eux-même réalisables par nos partenaires de danse d'une heure par séance, partenaires de rires, de débordements "gérés", partenaires de créations et d'expérimentations touchants car loin de nos attentes premières. 

 

De nos propositions, des réalisations qui ont suivi celles-ci s'est alors dégagé des prises de conscience pour chacun.

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Le raisonnement et le fruit d'intégration des expériences ne pouvaient être uninominal mais complexe (à l'image de Laban réintégrant aux gestes dansés la latéralité à partir de l'étude des écrits de Raoul Augier Feuillet), complexe comme la réalité des handicaps que chacun de nos partenaires portés et qu'ils mettaient en jeu avec nous.

 

Théâtre de la gestualité, pour aller plus loin que la seule parole, théâtre de la volonté motrice blottit au fond d'un regard pour qui ne peux plus mouvoir que ces yeux. 

 

C'est une réelle question sur ce qu'est et ce que peut l'être humain qu'ils nous ont partagé. 

 

Notre pensée, nos ressentis, sont sculptés par notre existence et cette sculpture peut prendre des dimensions qui sont certes induites par notre passé mais surtout limitées par aucune autre chose que les expériences que l'on se donne à vivre encore.  

 

Plutôt qu'un compte-rendu stricte sur un programme de vingts séances d'une heure chacune et l'effectivité de la réalisation, ou pas, de gestes dansés, ce sont les questions soulevées que la compagnie a choisi ici de partager encore et surtout :

 

d' ”intégrer”. 

 

L'absolue nécessité d'exprimer son monde intime et l’attitude concomitante de tolérance à celui-ci, sans conformisme (attitude qui, comme on peut l'oublier, met à distance tout totalitarisme).

 

 

Dans cette démarche féconde tant pour nous que pour ceux qui ont été des partenaires de recherches, de jeu, de danse, nous adressons nos remerciements profonds, nos pensées en mouvemen et nos salutations dansées à : Pascale, Lucie, Jean-Jacques, Pascal, Jérémie, Sylvain, Pierre, Monique, Lucie, Geraud, Julien, Marie-Paule, Julie, Stéphanie...

 

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